La mémoire brûle
« On se souvient des vers de Baudelaire : *« Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu »…
Dans cette conférence (avec projections d’images), je proposerai quelques éléments d’une réflexion en cours sur la question des soulèvements : pourquoi, mais aussi depuis quoi, se soulève-t-on contre un certain état du temps présent ? À la question du « pourquoi » répond celle du désir, bien sûr. Alors on « brûle » de désir, on « brûle » de former l’image de son désir (ce qu’Ernst Bloch appelait le Principe Espérance) en vue de le réaliser dans la pratique. À la question du « depuis quoi » répond celle de la mémoire. Mais comment penser le fait que l’on puisse « brûler » (désirer) de mémoire ? »
Georges Didi-Huberman
Enregistré aux Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) le mardi 2 juin 2015 dans le cadre de la résidence Écrivains en Seine-Saint-Denis de Frank Smith à l’Espace Khiasma et aux Archives nationales.